Comment préparer sa transition vers un marketing digital privacy-first ?

digital privacy first

A l’heure où les internautes sont de plus en plus soucieux de la confidentialité de leurs données personnelles, comment les marques peuvent-elles faire évoluer leurs pratiques marketing pour combiner performance et respect de la vie privée ? De l’audit de ses flux de données à la montée en compétences de ses équipes, en passant par l’exploitation des solutions innovantes du Privacy Sandbox, découvrez les étapes clés pour réussir votre migration vers un marketing digital privacy-first.

Auditer ses pratiques data à l’aune du RGPD et du Privacy Sandbox

Cartographier ses flux de données digitales et leurs finalités

Pour préparer efficacement votre transition vers un marketing respectueux de la vie privée, il est essentiel de commencer par établir une cartographie de vos flux de données digitales. Cela implique d’identifier l’ensemble des informations que vous collectez sur vos prospects et clients à travers vos différents points de contact en ligne, comme votre site web, vos landing pages, vos publicités, ou encore vos réseaux sociaux.

Une fois cette collecte de données répertoriée, vous devrez définir les finalités associées à chaque type de données. Quel est l’objectif poursuivi en récoltant ces informations ? S’agit-il de personnaliser l’expérience utilisateur, de cibler vos campagnes publicitaires, de réaliser des analyses comportementales ? En répondant à ces questions, vous pourrez évaluer la pertinence et la légitimité de vos pratiques actuelles au regard du RGPD et des futures normes du Privacy Sandbox. Ce projet de Google vise à supprimer progressivement les cookies tiers en s’appuyant sur des techniques avancées de confidentialité, telles que la confidentialité différentielle, la k-anonymité et le traitement des données sur l’appareil. En auditant dès maintenant vos flux de données, vous serez en mesure d’identifier les écarts potentiels avec ces nouvelles exigences et de définir un plan d’action pour vous mettre en conformité.

Prenons l’exemple d’un grand site e-commerce dans le secteur de la mode. En cartographiant ses données, il pourrait identifier que certaines informations comme l’historique de navigation sont collectées via des cookies tiers à des fins de reciblage publicitaire. Face aux évolutions du Privacy Sandbox, il devra trouver des alternatives pour continuer à proposer des annonces pertinentes, comme exploiter les données de première partie issues des comptes clients ou s’appuyer sur du ciblage contextuel.

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Challenger ses partenaires technologiques sur leur feuille de route privacy

Au-delà de vos propres pratiques, il est indispensable de challenger vos différents partenaires technologiques sur leur stratégie d’adaptation au nouveau paradigme de confidentialité imposé par le Privacy Sandbox. Qu’il s’agisse de vos fournisseurs de solutions analytics, de vos plateformes d’achat média, ou de vos partenaires data, vous devez obtenir de leur part des garanties sur leur capacité à évoluer vers des alternatives aux cookies tiers qui soient conformes aux standards émergents.

N’hésitez pas à leur demander des précisions sur leur feuille de route et les échéances qu’ils se fixent pour migrer vers des solutions plus respectueuses de la vie privée des internautes. En challengeant ainsi l’écosystème, vous vous assurez non seulement de pouvoir maintenir vos cas d’usage dans la durée, mais aussi de travailler avec des acteurs responsables, engagés en faveur d’un marketing digital éthique. Il est important de collaborer avec vos partenaires technologiques pour bénéficier des dernières innovations en matière de marketing digital privacy-friendly.

Imaginons que vous travailliez avec une DSP (demand side platform) pour vos campagnes display. Il sera important de les interroger sur leur capacité à activer des deals programmatiques en s’appuyant sur des signaux contextuels ou des segments d’audience proposés par Google, plutôt que sur des cookies tiers. Leur roadmap produit et la solidité de leur partenariat avec Google seront des critères clés pour maintenir un ciblage performant sans sacrifier la confidentialité des utilisateurs.

Source : MacroEcon / Shutterstock.com

Renforcer sa connaissance client via des données first-party

Mettre en place des incitations au partage consenti des données

Pour compenser la perte des données comportementales issues des cookies tiers, il devient primordial de renforcer votre connaissance client en vous appuyant sur des informations first-party, collectées de manière transparente et consentie. Cela passe par la mise en place d’incitations encourageant vos prospects et clients à partager volontairement leurs données en échange d’une expérience ou d’un service à valeur ajoutée.

Vous pouvez par exemple proposer des contenus premium, des fonctionnalités exclusives ou des réductions personnalisées aux utilisateurs acceptant de renseigner certaines informations comme leurs centres d’intérêt, leurs préférences produits ou leur projet d’achat. L’enjeu est de créer une relation gagnant-gagnant, où le partage de données est perçu comme un bénéfice et non une contrainte par vos audiences. Il est d’ailleurs important de proposer à vos clients des expériences digitales personnalisées valorisant explicitement le partage consenti des données, afin de favoriser une relation de confiance.

Prenons le cas d’un constructeur automobile premium souhaitant promouvoir le lancement d’un nouveau SUV électrique. Il pourrait mettre en place sur son site un configurateur interactif permettant aux visiteurs de personnaliser virtuellement leur véhicule. En échange du partage d’informations comme leurs usages de conduite, leurs options préférées ou leur budget, l’utilisateur déverrouillerait l’accès à des visuels exclusifs et à une offre sur-mesure incluant des accessoires offerts et un essai privé du véhicule. Une incitation efficace pour enrichir sa base clients avec des données qualifiées.

Exploiter les données CRM et les signaux d’intention pour affiner ses segments

Au-delà des données déclaratives partagées par vos utilisateurs, vous avez tout intérêt à exploiter au maximum les données first-party déjà présentes dans votre CRM ou vos outils marketing. Des informations comme l’historique d’achat, le montant du panier moyen, la fréquence de commande ou le taux d’ouverture des emails constituent de précieux indicateurs pour mieux comprendre les attentes et comportements de vos clients.

En complément, l’analyse des signaux d’intention , comme les mots-clés tapés dans votre moteur de recherche interne, les pages produits les plus visitées ou les derniers items consultés, vous permet de capter des insights très qualifiés sur les projets et besoins à court terme de vos prospects. En croisant ces différentes sources de données propriétaires, vous serez en mesure de construire une connaissance client solide, afin d’affiner vos segmentations d’audience et d’orchestrer des parcours ultra-personnalisés. Il est justement nécessaire de segmenter finement vos audiences sur la base de critères comportementaux anonymisés pour délivrer le bon message à la bonne personne au bon moment.

Imaginons une enseigne de bricolage souhaitant relancer ses clients n’ayant pas finalisé leur panier. En s’appuyant sur les données CRM (montant du panier, catégories de produits) et les signaux d’intention (nombre de visites sur le site, mots-clés de recherche), elle pourra créer des segments d’audience hyperpersonnalisés. Un client ayant laissé dans son panier un projet cuisine à plus de 5000€ et multipliant les recherches sur les hottes aspirantes se verra ainsi proposer une offre sur-mesure avec une remise additionnelle et la livraison offerte, maximisant les chances de conversion.

Types de données first-party Exemples Cas d’usage
Données déclaratives Préférences produits, feedback, avis Personnalisation des offres
Données comportementales Historique d’achat, pages vues Segmentation et ciblage
Signaux d’intention Mots-clés de recherche, items dans le panier Retargeting ultra-pertinent

Tester les solutions du Privacy Sandbox dans une approche agile

Activer des POC ciblés pour ces nouveaux leviers

Pour apprivoiser les nombreuses solutions proposées par Google dans le cadre du Privacy Sandbox, le mieux est encore de les tester grandeur nature via des POC (Proof Of Concept) ciblés. Vous pouvez par exemple activer les API FLoC ou FLEDGE sur certaines campagnes display pour mesurer la pertinence des audiences affinitaires qui vous sont proposées et comparer leur performance avec vos segments habituels.

De même, l’expérimentation des Fenced Frames sur une sélection de landing pages vous permettra d’évaluer leur impact sur vos taux de conversion, tout en vérifiant la bonne intégration de ces iframes à votre tunnel d’achat. L’idée est vraiment d’adopter une démarche itérative, en activant ces nouvelles briques technologiques à petite échelle dans un premier temps, avant d’étendre progressivement leur usage en fonction des résultats obtenus. Il est d’ailleurs encouragé de tester et apprendre rapidement des innovations proposées par Google pour ajuster agilement vos tactiques d’acquisition digitale.

Prenons l’exemple d’une marque de cosmétiques bio souhaitant évaluer l’API FLoC (Federated Learning of Cohorts). Elle pourrait activer ce ciblage par cohortes sur une campagne YouTube dédiée à son masque purifiant best-seller. En comparant le coût par vue et le taux d’engagement avec une campagne similaire utilisant un ciblage par affinités, elle sera en mesure de jauger la pertinence de ces nouvelles audiences privacy-safe et d’optimiser ses investissements en conséquence.

Mesurer précisément leur performance vs les approches classiques

Si l’approche POC est essentielle pour se familiariser avec les solutions du Privacy Sandbox, elle permet aussi de mesurer leur performance par rapport à vos approches habituelles basées sur les cookies. Il sera clé de monitorer finement des indicateurs comme le reach de vos campagnes, leur coût par clic, leur taux de conversion ou leur ROI pour chaque levier testé.

Cela peut nécessiter d’adapter votre dispositif de tracking, vos modèles d’attribution et vos dashboards de reporting pour prendre en compte ces nouveaux formats publicitaires respectueux de la vie privée. En comparant rigoureusement l’efficacité des différentes solutions, vous serez plus à même de réallouer progressivement vos budgets vers les combinaisons de leviers offrant le meilleur rapport performance/respect des données. Le Privacy Sandbox a vocation à remplacer les cookies tiers par de nouveaux outils de mesure et de reporting empêchant l’identification des individus, nous obligeant ainsi à faire évoluer nos méthodes d’évaluation.

Imaginez que vous lanciez une campagne de prospection sur Google Ads pour votre offre d’abonnement SaaS. Vous pourriez comparer les performances de deux approches : l’une exploitant l’API TURTLEDOVE de Google, l’autre s’appuyant sur vos segments d’audience propriétaires. En analysant finement le CPL (coût par lead), le taux de qualification des leads et le revenu généré sur chaque segment, vous pourrez déterminer la combinaison la plus performante et alimenter votre modèle d’attribution. Cette comparaison vous éclairera aussi sur la pertinence des cohortes d’audiences proposées par Google pour votre cible.

Monter en compétences ses équipes sur les enjeux privacy

Organiser des ateliers de sensibilisation aux exigences du RGPD

Au-delà des aspects purement techniques et opérationnels, la migration vers un marketing privacy-first nécessite de faire évoluer la culture et les compétences de vos équipes. Cela passe d’abord par un effort de sensibilisation et de formation aux enjeux de protection des données personnelles.

Il peut être pertinent d’organiser des ateliers avec vos collaborateurs pour décrypter les principaux attendus du RGPD, comme le consentement explicite, la durée de conservation des données, le droit à l’oubli ou le privacy by design. Au-delà d’une formation théorique, l’enjeu est d’exposer très concrètement les risques encourus en cas de non-conformité pour favoriser une prise de conscience et une responsabilisation à tous les niveaux de l’entreprise. N’hésitez pas à challenger régulièrement vos pratiques de marketing digital à l’aune des évolutions réglementaires pour rester à la pointe de la performance et de l’éthique.

Imaginez que vous soyez un groupement d’agences immobilières. Vous pourriez organiser un « RGPD tour » dans vos différentes agences pour former vos collaborateurs aux bonnes pratiques de collecte et d’exploitation des données clients. Via des cas pratiques immersifs, comme la gestion d’une demande de suppression de données ou la mise en place d’un formulaire en ligne, vos équipes apprendraient à sécuriser l’ensemble des traitements de données, du recueil du consentement à l’exercice des droits des personnes. Cette acculturation est indispensable pour opérer sereinement dans un cadre réglementaire renforcé.

Développer l’expertise interne sur les solutions du Privacy Sandbox

Pour exploiter pleinement les opportunités offertes par le Privacy Sandbox, il est indispensable de développer une expertise technique en interne sur ces nouvelles solutions. Cela peut passer par le recrutement de nouveaux profils comme des ingénieurs spécialisés en confidentialité différentielle ou en apprentissage fédéré, mais aussi par le upskilling de vos équipes data, média et IT.

L’objectif est de constituer un pool d’experts transverses, capables à la fois de configurer les API proposées par Google, de mesurer leur performance et d’identifier de nouveaux cas d’usage combinant privacy et personnalisation. En fonction de votre niveau de maturité, vous pouvez aussi vous appuyer sur des agences ou des consultants externes pour acculturer plus rapidement vos équipes à ces technologies de pointe. Il est d’ailleurs préconisé de collaborer avec vos partenaires technologiques pour bénéficier des dernières innovations privacy-friendly.